Le style : la signature de l'auteur

Dans votre futur roman, vous devrez admettre que le style est aussi important que l'histoire, les intrigues et le dénouement. Une fois la lecture terminée, le lecteur garde en souvenir certains passages qui lui laissent une empreinte émotionnelle et durable. La façon dont vous allez rédiger votre histoire est capitale. Au point que l'auteur de renom se distingue par son style.

- En cette même année 1823, Thénardier était endetté d'environ quinze cents francs de dettes criardes, ce qui le rendait soucieux.
Quelle que fût envers lui l'injustice opiniâtre de la destinée, le Thénardier était un des hommes qui comprenaient le mieux, avec le plus de profondeur et de la façon la plus moderne, cette chose qui est une vertu chez les peuples barbares et une marchandise chez les peuples civilisés, l'hospitalité. Du reste braconnier admirable et cité pour son coup de fusil. Il avait un certain rire froid et paisible qui était particulièrement dangereux. ( "Les Misérables" Victor Hugo)

- Ce fut en ce moment seulement, quand son inquiétude pour ses enfants fut tout à fait dissipée, que Mme de Rénal fut frappée de l'extrême beauté de Julien. La forme presque féminine de ses traits et son air d'embarras ne semblèrent point ridicules à une femme extrêmement timide d'elle-même. L'air mâle que l'on trouve communément nécessaire à la beauté d'un homme lui eût fait peur. ( "Le Rouge et le Noir" Stendhal)

- A l'un des plus grands orateurs qui honorent l'Angleterre, succédait donc ce Phileas Fogg, personnage énigmatique, dont on ne savait rien, sinon que c'était un fort galant homme et l'un des plus beaux gentlemen de la haute société anglaise. ( "Le tour du monde en 80 jours" Jules Verne)

Votre style, votre propre interprétation

Chacun possède son propre style d'écriture. Le choix du vocabulaire, la façon dont vous allez tourner les phrases et surtout les sentiments ressentis par la lecture le définissent. En comparaison avec un film, le style est semblable à l'interprétation de la scène par les acteurs. En conséquence, même si le scénario est attrayant, la nécessité d'une bonne interprétation est indispensable pour laisser une trace en mémoire.

Bien que chacun possède son style d'écriture, nous pouvons le caractériser par différents points :

. Le vocabulaire

. les tournures de phrases

. le rythme

. le récit : Première ou troisième personne ?

Le vocabulaire

Vous êtes libre d'employer le vocabulaire de votre choix. Toutefois, s'il est approprié à la scène décrite, à la situation, votre roman apporte du plaisir assuré au lecteur. Le choix d'un vocabulaire soutenu ou familier fait toute la différence. Il faut trouver le compromis. Ne pas obliger le lecteur à sortir un dictionnaire et non plus lui donner ce sentiment de lire un texte enfantin. De plus, il sera conseillé d'éviter les verbes ternes (être, faire, dire, mettre, aller, avoir) et de les remplacer par ceux qui décrivent l'action.

Choisissez le verbe associé au nom. Pour exemple : ne dites pas "Je suis inquiet" (car l'être humain n'est pas un sentiment) mais écrivez plutôt "J'éprouve un sentiment d'inquiétude". Il est conseillé d'éviter les répétitions pour ne pas alourdir la lecture. Tout dépend du style de l'auteur. Le vocabulaire doit être associé à l'époque de votre roman. Dans un roman historique, employer le terme "galéjade", en synonyme de "plaisanterie" pour une époque récente. Prenez le temps, à la rédaction, de trouver le vocabulaire approprié, le bon mot, le bon verbe, le bon adjectif.

Faites des recherches pour vous assurer que vous avez choisi le vocabulaire correct ; celui qui correspond en tous points aux idées que vous voulez mettre.

Les tournures de phrases

Voici à présent une difficulté à relever pour l'écriture de votre roman. La façon dont vous allez écrire votre histoire définit votre style. Toutefois, vous devrez prendre en compte le genre de roman. Par exemple, pour le roman policier, on privilégiera des phrases courtes pour donner du rythme. Il ne faut pas voir la difficulté, phrase par phrase mais au niveau du paragraphe et même le chapitre dans sa globalité. C'est comme une recette de cuisine, les ingrédients ne suffisent pas à savoir si le plat sera bon. Il faut faire la recette et goûter ! Pour votre roman, c'est pareil. Vous écrivez un paragraphe et vous relisez pour voir si le contenu, la forme vous convient. Selon votre facilité en écriture, vous pouvez mettre 5 minutes à plusieurs heures pour un même paragraphe. Ne soyez pas surpris d'être parfois déçus par votre style au point de recommencer quelques pages. Il vous faudra vous relire constamment jusqu'à votre satisfaction.

Efforcez-vous à chaque fois de vous mettre dans la peau d'un lecteur qui découvre pour la première fois votre œuvre. Les tournures de phrases prendront beaucoup de votre énergie et de votre temps. Fixez-vous des objectifs chaque fois que vous écrivez. Le style doit être le même tout au long de votre livre.

Pour vous faciliter l'écriture, faites-vous une liste de mots de liaison, une liste de verbes et une liste d'incises.

 Décortiquez bien la scène ou l'idée à mettre sur le papier, en plusieurs étapes. Réfléchissez à l'ordre le plus logique, intervertissez les phrases ou paragraphes, le cas échéant. 

Éviter les "lourdeurs". Ici, nous faisons référence aux abus de ponctuations, d'incises et de détails sans importance. Optez pour un style léger, aérien ou la lecture est aisée, rapide. Prenez conscience qu'il est déplaisant pour le lecteur de relire un paragraphe par manque de discernement !

Supprimer les gérondifs (... ant), ce qui est en excès ou qui se répète. Limiter le nombre de connecteurs logiques (cependant, néanmoins), ils alourdissent. Identifiez les passages ennuyeux et racontez brièvement où ajouter de l'action. Varier la longueur des phrases. Optez pour les phrases nominales pour donner du rythme. Supprimer tout ce qui peut "polluer" à la lecture, en particulier des détails futiles.

Le rythme

Le rythme dans l'écriture est un aspect du style de l'auteur. Toutefois, là aussi, il dépendra du genre de roman. Pour un policier, le rythme peut être soutenu dans les passages où il y a de l'action. Le rythme doit être adapté à l'histoire. Prenons l'exemple de mon premier roman, la première page. Un voleur s'introduit dans une maison. Le rythme est lent, à l'image des déplacements du voleur. Une fois le vol commis, le rythme s'envole comme le voleur.

Le rythme fait référence à la notion de temps. Vous pourrez faire des retours dans le passé. Vous pouvez aussi écrire 3 pages sur des évènements d'une journée puis en quelques lignes faire un bond de 3 semaines dans le futur (ellipse de temps). La longueur d'un texte, des dialogues imposent un rythme.

Si votre roman est trop court, étoffez-le en ajoutant des descriptions, notamment des lieux. Décrivez l'impact émotionnel des actions sur le héros. Développez des intrigues secondaires (ex. : enquête policière + histoire d'amour). L'intrigue secondaire ne doit pas prendre l'ascendant sur l'intrigue principale.

Si votre roman est trop long, gardez l'essentiel, supprimez les descriptions (qui ralentissent). Abrégez les dialogues. Si le roman est complexe, pensez à le couper en deux (2 tomes).

Votre style d'écriture, la façon dont vous rédigez un passage doit correspondre à un rythme précis. De ce fait, vous jugerez par vous-même de la nécessité ou non des détails.

Pour remarque : il est très plaisant au lecteur de pouvoir lire avec frénésie quelques pages, comme si elles défilaient ! À méditer sur la fin d'un roman policier, à l'approche du dénouement !

Le récit : Première ou troisième personne ?

Voici un point qui ajoute une dimension à votre roman : "la personne" à laquelle le récit est écrit.

Tout dépend de votre histoire. Pour exemple, si le personnage principal est un dangereux psychopathe et que toute l'histoire est centrée sur lui, l'usage de la première personne sera judicieux. Par contre, si dans votre histoire il y a de nombreux personnages dont le rôle secondaire semble non négligeable, l'usage de la troisième personne sera conseillé.

L'utilisation de la 3e personne, c'est comme une "caméra" qui accompagne chaque personnage et le narrateur décrit ce qu'il voit. La 3e personne permet de décrire tout ce qui se passe, mais sans savoir ce que "pensent" les personnages.

L'utilisation de la 1re personne, c'est comme un voyage intérieur dans le personnage principal. Le narrateur décrit ce qu'il pense, ce qu'il ressent, ainsi que ses actes. C'est une difficulté d'écrire à la 1re personne, car il faut être capable de se détacher par moments du personnage.

Extrait de mon roman "L'île aux deux visages", écrit à la 3e personne.

Couverture du troisième roman (style polyphonique) écrit à la 1 ère personne.